En Suède et Finlande
Suède et Finlande : une gestion considérée comme modèle
La Suède est probablement un des pays d’Europe où la gestion des déchets radioactifs est la plus avancée et bénéficie d’un consensus qui suscite l’admiration et l’envie des autres nations.
Le nucléaire représente la moitié de l’électricité produite en Suède, l’autre provenant de l’hydroélectrique. La consommation d’électricité par habitant est de 40 % supérieure à ce qui existe en France. La Suède dépend donc toujours, et pour longtemps encore, de l’énergie nucléaire, un paradoxe pour une nation qui avait été la première en 1980 à déclarer vouloir se passer de cette énergie, un objectif aujourd’hui oublié.
En Suède, comme en Finlande, les déchets de faible et moyenne activité sont stockés à faible profondeur dans des silos souterrains creusés dans le granit près des centrales.
Le parc suédois ne comportant que 12 réacteurs, il a été jugé préférable de ne pas retraiter le combustible irradié. Aux termes de la loi, les propriétaires de centrales sont responsables de la manutention et de l’évacuation sûres de leurs déchets radioactifs. Les 4 compagnies qui possèdent des centrales nucléaires se sont réunies pour former en 1972 un organisme commun, le SKB.
Le SKB a mis au point un système pour la gestion de tous les déchets radioactifs. Ses tâches principales sont la recherche, la préparation, la construction et l’exploitation des installations indispensables à la manutention et à l’évacuation sûres du combustible irradié et de l’ensemble des déchets radioactifs. Un fonds spécialement dédié au programme de gestion des déchets radioactifs est en place depuis 20 ans pour assurer les ressources nécessaires.
Les deux principales installations en service sont un centre de stockage pour les déchets peu radioactifs, le SFR et un centre d’entreposage pour les combustibles usés, le CLAB. Le SFR et le CLAB ont en commun d’être des centres souterrains creusés à faible profondeur dans le granit, d’être construits à côté de deux centrales à Forsmark et Oskarshamn, et de fonctionner sans accidents depuis vingt ans.
Cela leur vaut de bénéficier de l’appui des populations locales : en 1982, le SKB était perçu comme un intrus venu perturber la vie de communautés tranquilles; en 2005, les deux communautés de Forsmark et Oskarshamn étaient en compétition pour un site de stockage. Ce consensus tranche avec les oppositions qui empêchèrent par exemple en France les études d’un site granit dans le Limousin. Jules César ne décrivait-il pas il y a 2000 ans les anciens Gaulois comme querelleurs et batailleurs ! …
Le site finalement retenu pour implanter ce stockage est celui de Forsmark. L’installation est conçue pour abriter 12000 tonnes de combustibles usés provenant des réacteurs nucléaires suédois (7 réacteurs fonctionnant en 2020 et 6 arrêtés définitivement), enfermés dans de gros cylindres étanches en cuivre quasiment inoxydables. Le poids de chacun de ces cylindres est d’environ 25 tonnes, déchets compris, dont 7,5 tonnes de cuivre.
L’autorisation pour la réalisation de ce centre était attendue à la fin de 2017. En janvier 2022, le gouvernement suédois a donné son feu vert, pour la construction du site de stockage géologique de ses combustibles usés. Le début de construction est maintenant proche, celui de l’exploitation est prévu à l’horizon 2030-2035.
La Suède dispose par ailleurs depuis 1995 à proximité d’Oskarshamn d’un laboratoire souterrain conçu pour mener des recherches. Le laboratoire souterrain d’Aspö construit à une profondeur de 460 mètres sert aux études sur le stockage en milieu granitique roche et le comportement de cette roche vis-à-vis des radioéléments, à la mise au point des équipements de manutention. Il est visité par plusieurs dizaines de milliers de personnes chaque année.
En Finlande : le projet Onkalo Le premier site de stockage permanent des déchets de haute activité sera probablement finlandais. En novembre 2016, l’Autorité de Sûreté finlandaise, a autorisé la construction d’un centre de stockage profond pour les combustibles nucléaires usés à Onkalo. Posiva, l’agence équivalente de l’Andra en Finlande, est chargée de cette réalisation. Les travaux d’excavation ont commencé en décembre 2016.
L’exploitation du centre de stockage, appelé Onkalo, devrait démarrer d’ici 2023 et se poursuivre pendant une centaine d’années. Il est situé à proximité de la centrale nucléaire d’Olkiluoto et de son réacteur EPR en construction, à 300 km au nord-ouest de Helsinki
Onkalo sera construit à 400 m de profondeur avec un réseau de galeries percées dans le granit, en l’absence de sites argileux dans le pays. On y stockera 9 000 tonnes de combustible nucléaire usé, provenant des quatre réacteurs existants et des réacteurs en projet. Comme la Suède, la Finlande stockera directement ses combustibles usés.
Le projet prévoit deux installations, une usine de conditionnement du combustible usé en surface et un stockage souterrain, constitué d’un réseau de galeries construites au fur et à mesure des besoins. Les galeries conduisent à des puits d’une dizaine de mètres de profondeur où seront placés les colis.
Le granit étant une roche cristalline, il faut prévenir les risques de fracturations et d’infiltration d’eau. Les déchets seront placés dans de grands conteneurs en acier de conception suédoise qui seront ensuite recouverts d’une épaisse couche de cuivre, avant d’être entourées d’une coque d’argile gonflante et imperméable, la bentonite. Ce seront ces colis qui empêcheront en dernier ressort le relâchement, puis la migration de atomes radioactifs dans l’environnement.
Le programme finlandais est proche de celui de la Suède voisine. Le Parlement y a pris une décision de principe de stockage géologique, à l’issue d’un débat public qui lui a valu un consensus politique et économique remarqué. Initié dans les années 1980, le choix d’Okalo s’est appuyé sur la consultation des populations locales.
Source : CIGEOMag, Mars 2013 et Hiver 2015-2016
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