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Accidents militaires et civils

Les bombes d’Hiroshima et de Nagasaki, les campagnes d’essais atmosphériques des années 1950 et 1960 résultent d’actions hélas délibérées. Au contraire, les rejets incontrôlés de radioactivité de l’industrie nucléaire militaire ou civile sont bien des accidents. Les accidents du nucléaire militaire remontent à l’époque du début de la course aux armements, quand les principales puissances – États-Unis, Union Soviétique, Grande-Bretagne – développaient leurs armes atomiques dans des centres ultra secrets.

Ces accidents sont dus au manque d’expérience que l’on avait alors, à la méconnaissance de certains phénomènes et aussi à un manque de précautions. L’environnement ne pesait pas lourd face aux objectifs stratégiques. On s’en remettait, surtout en Union Soviétique, à la nature et aux grands espaces pour atténuer les méfaits du laxisme alors en cours.

1950, Mayak : un accident militaire soviétique
Dans les années 50, au tout début du complexe soviétique de Mayak, l’eau d’un lac, le lac Kyzyltash, refroidissait directement le cœur des premiers réacteurs producteurs de plutonium. Un peu plus tard, des déchets radioactifs de faible et de moyenne activité directement rejetés à la rivière Techa seront à l’origine d’une contamination plus grave. Le contraste est frappant entre le traitement des accidents des installations militaires et civiles : d’un côté le secret couvre de graves contaminations, comme celles survenues à Mayak ; de l’autre une hyper médiatisation comme à Three Mile Island en 1979.
© DR (Source Richard Wilson et al)

C’est ainsi que la rivière Técha au sud de l’Oural a été contaminée de 1949 à 1956 par des déchets radioactifs rejetés directement dans des lacs et qu’un réservoir de stockage de déchets a explosé par faute de refroidissement sur le même site de Mayak. L’incendie du graphite du réacteur de Windscale en 1957 aurait eu moins d’ampleur si les ingénieurs anglais qui cherchaient à le maîtriser avaient pris la mesure d’un phénomène alors peu connu, l’effet Wigner. Tous ces accidents anciens survenus sur des sites militaires ont tardé à venir à la lumière, notamment ceux survenus en Union Soviétique.

Il faudrait comptabiliser dans la part du militaire, les pertes d’armes nucléaires lors d’un transport aérien: 14 en tout, dont les plus connus sont celles survenues en 1966 à Palomares (Espagne) et en 1968 à Thulé au Groenland, avec rejet de plutonium-239. Des armes et réacteurs de sous-marins ont été également perdus en mer. Le risque radioactif est minime dans le cas des armes à uranium.

1979, Three Mile Island : un accident civil
L’accident de TMI survenu en 1979 aux États-Unis fut le premier accident majeur du nucléaire civil. Par mesures de précaution, les autorités évacuèrent des milliers de personnes. L’accident causa d’autant plus d’émotion qu’il coïncida avec la sortie d’un film catastrophe avec Jack Lemmon, Jane Fonda, et Michael Douglas, le « Syndrome chinois ». Dans le film, le cœur du réacteur fondait, perçait la cuve, le radier et ressortait aux antipodes, au mépris des lois de la physique ! Dans la réalité à TMI, il y eut fusion du cœur mais la cuve resta intacte, il n’y eut pas de rejets significatifs de radioactivité, les conséquences sanitaires furent minimes.
© IN2P3

Le développement du nucléaire civil a bénéficié de l’expertise acquise. Une culture de la sécurité s’est développée et l’industrie nucléaire s’est longtemps enorgueillie d’une absence d’accidents majeurs. Mais les accidents de Three Mile Island (1977) et surtout de Tchernobyl (1986) sont venus entamer cette sérénité et la confiance du public.

L’accident de Three Mile Island, survenu aux environs de Washington, a causé la perte d’un réacteur mais n’a pas occasionné de rejet significatif de radioactivité grâce aux systèmes de confinement. Son caractère traumatisant est venu du déplacement par précaution de centaines de milliers de personnes. L’accident bien plus grave de Tchernobyl ne se serait pas produit si les systèmes de sécurité n’avaient pas été désactivés. La dispersion d’un nuage radioactif aurait été évitée si le réacteur avaient disposé d’une enceinte de confinement comme celle qui a fonctionné à Three Mile Island.

Le dernier accident en date, celui de Fukushima, a été déclenché par le tsunami qui a ravagé le Japon en mars 2011. Les réacteurs de la centrale s’étaient arrêtés mais n’étaient plus refroidis. Après Three Mile Island, la catastrophe japonaise a confirmé que les défauts de refroidissement, tout autant que le contrôle de la réaction en chaîne, pouvaient être la source des plus graves accidents.

Comparaison des principaux accidents
Pour comparer les principaux accidents et les rejets de radioactivité des essais nucléaires, on a considéré les activités des éléments radioactifs les plus significatifs relâchés dans l’atmosphère ainsi que les surfaces affectées par l’accident ou pour lesquelles les populations furent évacuées. Dans le cas de Three Mile Island en 1979, il n’y eut pas d’évacuation mais environ 100,000 personnes quittèrent temporairement leur habitation de leur propre initiative.
© IN2P3 (Source UIP/EULEP/EURADOS)

Accidents divers Les accidents de réacteurs ne sont pas les seuls pouvant se produire. Un accident est survenu en 1999 à TokaïMura dans une usine de fabrication de combustible au Japon. Lors de cet accident relativement mineur les règles de sécurité avaient été violées.

Il y a enfin les accidents liés aux sources radioactives utilisées dans les applications médicales, industrielles ou de laboratoire. Le risque de radioactivité impose de répertorier et de suivre minutieusement le devenir de ces sources, mais les activités en jeu étant beaucoup plus faibles les conséquences d’accidents sont limitées.

ACCIDENT DE TCHERNOBYL
ACCIDENT DE FUKUSHIMA