La radioactivité artificielle : le prix d’une meilleure médecine
Depuis environ un siècle, l’homme est exposé à d’autres sources de rayonnements que la radioactivité naturelle qui reste néanmoins la principale source d’exposition. Ces nouvelles sources sont pour la plupart bénéfiques. Nous recevons davantage de rayons que nos ancêtres du fait des progrès de la médecine. Les suppléments de doses restent modestes.
La part dominante du médical
En dehors des personnels qui sont exposées aux radiations ionisantes du fait de leur travail et des situations accidentelles, la dose supplémentaire provient en quasi-totalité des examens médicaux et de certaines thérapies. Cette dose s’élève en moyenne à 1,3 mSv, c’est-à-dire à environ 30% de l’exposition totale, dans les pays qui disposent d’au moins un médecin pour 1000 habitants. Elle atteint 1,95 mSv dans un pays comme la Belgique qui bénéficie d’un excellent système de santé et tombe à 0,040 mSv dans les pays du Tiers-Monde.
Il s’agit de moyennes, car les doses varient naturellement beaucoup d’une personne à l’autre , de son âge et de son état santé.
Il est difficile de réduire ces doses autrement qu’en améliorant les appareillages. Renoncer aux radiographies, au scanner, aux examens de la médecine nucléaire signifierait renoncer aux avancées de la médecine moderne.
Toutefois, on a recours au rayonnements ionisants que s’il est justifié. Si c’est le cas, on cherchera à les utiliser le plus efficacement possible. On limitera les doses en fonction de l’objectif à atteindre. En radioprotection, les principes de justification, d’optimisation et de justification sont la règle pour l’exposition aux rayonnements ionisants non naturels.
Nucléaire, autres contributions : de faibles expositions …
Sur les 1,3 mSv de doses non naturelles, la contribution du hors médical est évaluée à 0,050 mSv dont une part de rayons émis par les écrans de nos téléviseurs ou ordinateurs, ainsi que les détecteurs de fumée, les cadrans lumineux, etc. Contrairement à une opinion répandue, les retombées de l’énergie nucléaire et des essais atomiques ne représentent en moyenne que 0,020 mSv, soit 1 à 2 % du total.
Ce faible chiffre résulte des précautions prises dans le cœur des réacteurs pour isoler par plusieurs barrières de protection les matériaux radioactifs présents. Les personnes vivant à proximité d’un réacteur nucléaire reçoivent de son fait trois fois moins de radiations par an que lors d’un voyage transatlantique en avion.C’est ainsi que la dose collective annuelle rejetée par un réacteur REP, qui alimente en électricité environ un million d’habitants en France, équivaut à la radioactivité naturelle reçue par une trentaine de personnes.
Le traitement des combustibles très radioactifs déchargés des centrales nucléaires évite qu’ils ne soient disséminés. Leur conditionnement, leur compactage et leur stockage dans des sites protégés assurent l’absence d’impact sur l’environnement, du moins à une échelle de temps humaine.
Après la seconde guerre mondiale et durant la guerre froide, les grandes puissances ont procédé à des mises au point de bombes atomiques et de bombes à hydrogène. Ces essais se sont effectués principalement à l’air libre durant les années 50 et 60. Ils ont relâché dans l’atmosphère des nucléides radioactifs. Après les années 60, les essais ont été souterrains, donc moins polluants. L’exposition à ces rejets a représenté environ deux années de radioactivité naturelle. La dispersion des éléments radioactifs sur toute la surface terrestre et le temps ont fait leur œuvre : les doses résultant des retombées des essais nucléaires sont aujourd’hui de quelques millionièmes de sieverts.
Le danger des radiations. Regard d’un expert : Une méfiance envers la Science, par Yvon Grall professeur émérite de biophysique et de médecine nucléaire
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