Reacteurs REB (BWR)
BWR ou réacteurs à eau bouillante
Les réacteurs à eau bouillante ou REB (en anglais BWR, abréviation de Boiling Water Reactor) sont actuellement en fonctionnement aux États-Unis, au Japon, en Allemagne, Finlande, Russie, Suède, Suisse, ainsi que dans divers autres pays. Pour la production d’électricité, la filière vient en second après celle des réacteurs à eau sous pression (REP), bien avant les réacteurs CANDU et les RBMK. Elle représente environ le quart du parc mondial des réacteurs en exploitation.
Cette filière à neutrons thermiques dont le modérateur est l’eau ordinaire, a été conçue aux États-Unis. La construction des réacteurs à eau bouillante est restée longtemps le domaine réservé du constructeur Général Electrics (GE) dont la première unité commerciale fut celle de Humboldt Bay, près de Eureka en Californie. La puissance des réacteurs BWR actuels est de 570 à 1300 MWe.
Ces réacteurs doivent leur nom au fait que la chaleur dégagée par la fission fait bouillir l’eau qui baigne les gaines de combustibles dans le cœur du réacteur. Cette vapeur se détend dans les turbines qui produisent l’électricité. Dans un réacteur REP à eau pressurisée au contraire l’eau chauffe mais reste sous pression, transmettant sa chaleur à un circuit d’eau secondaire qui se transforme en vapeur pour actionner les turbines.
Il y a une barrière de moins entre la radioactivité du combustible et l’environnement et donc nécessité d’avoir un gainage du combustible particulièrement étanche. L’étanchéité des gaines, et plus loin des turbines, doit être étroitement surveillée. Si une perte d’étanchéité du gainage est constatée impliquant la présence potentielle de produits de fission dans la partie turbine du circuit, il faut isoler rapidement l’extraction de vapeur.
Lors de l’accident de Fukushima, cette barrière de moins entre la radioactivité du combustible et l’environnement est à l’origine des flaques d’eau extrêmement radioactives observées le 25 mars 2011 dans le hall des turbines.
La gestion de l’eau primaire est plus stricte et complexe que pour un REP. La vapeur est rendue active par irradiation de l’eau. Le hall turbine d’un REB en fonctionnement est une zone contrôlée, mais les principaux radioéléments formés étant à période très courte (moins de 10 secondes) il n’y a pas de réel problème pour les opérations de maintenance. Il faut filtrer et épures strictement l’eau primaire avant son retour dans la cuve.
La température de la vapeur est d’environ 300°C et la pression entre 70 et 80 atmosphères, environ la moitié de celle de l’eau pressurisée des REP. Le rendement thermodynamique de la transformation de la chaleur en électricité, voisin de un tiers, est très légèrement supérieur à celui d’un REP.
Les barres de contrôle sont introduites depuis le dessous de la cuve du cœur du réacteur par l’intermédiaire d’une forte pression hydraulique, une particularité des REB. L’insertion des absorbants dans le cœur en cas d’arrêt d’urgence ne se fait donc pas par gravité.
Une particularité des REB : une augmentation soudaine de la pression de vapeur provoque par condensation une augmentation de la proportion d’eau liquide. Cette augmentation de la proportion d’eau, qui favorise la modération des neutrons, se traduit par un accroissement des réactions de fission et de l’énergie dégagée. Pour combattre l’effet déstabilisant de ces « transitoires de pression », les REB sont équipés d’un ensemble de soupapes de sûreté qui évacuent la vapeur en surpression, recueillie après condensation dans un « tore humide » situé en dessous de la cuve.
Les enceintes de confinement des REB sont placées sous une atmosphère inerte en dépression. Cet inertage a l’avantage d’éviter les risques d’incendie. il permet également d’éviter les explosions d’hydrogène en cas d’accident majeur, lorsque l’hydrogène est produit par un feu de zirconium, quand le zirconium des gaines décompose la vapeur au-dessus de 1200° C Normalement, les enceintes de confinement doivent également être équipés de recombineurs d’hydrogène. Ce ne fut malheureusement pas le cas de BWR Fukushima en 2011.
Les REB qui n’ont qu’un circuit nécessitent une instrumentation plutôt moins conséquente que celle du REP. Les coûts d’investissements et les délais de construction sont moindres, mais la différence du coût de l’électricité est très faible. Le cœur d’un REB est moins compact que celui d’un REP. Il comporte environ 4 fois plus d’éléments combustibles et d’absorbants de contrôle à puissance égale.
Au final, inconvénients et avantages se compensent.
Les autres articles sur le sujet « Réacteurs Nucléaires »
Parc Nucléaire Mondial
Un développement qui se fait hors de l’Europe Le nombre de réacteurs en fonctionnement dans[...]
Réacteurs de Génération I
1950-1970 : Première génération de réacteurs (50 – 500 MWe) Les réacteurs de première génération [...]
Réacteurs RBMK
La filière des réacteurs de Tchernobyl La guerre froide et le rideau de fer ont conduit après 194[...]
Réacteurs de génération II
Depuis les années 1970, l’essor de l’énergie nucléaire Environ 85 % de l’électricité d’origine n[...]
Réacteurs à eau pressurisée
Le modèle de réacteur le plus répandu … Les réacteurs à eau pressurisée (REP) constituent l[...]
Fonctionnement des REP
De l’eau à haute pression pour évacuer la chaleur et ralentir les neutrons Le cœur du réact[...]
Enceintes des réacteurs REP
Assurer l’étanchéité des enceintes durant la durée de l’exploitation Les 58 réacteurs[...]
Grand Carénage
Prolonger la durée de vie des réacteurs Le parc des réacteurs français approche les 40 ans d̵[...]
Réacteurs CANDU
Des réacteurs canadiens à uranium naturel et eau lourde Les réacteurs CANDU sont des réacteurs à [...]
Propulsion Nucleaire
Des réacteurs embarqués pour sous-marins et porte-avions A côté des réacteurs classiques à terre,[...]