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Le becquerel : unité de mesure de l’activité d’une source

Le becquerel : une unité très petite …
L’unité d’activité la plus utilisée, le becquerel, correspond à une désintégration de noyau par seconde. Cette unité à l’échelle de l’atome est si petite et si inadaptée pour décrire l’activité de substances radioactives que l’on a recours généralement à des multiples: , kilo, méga (million), giga (milliard), terabecquerel (mille milliards), etc …. La figure montre à quel point la gamme des activités, allant de celle du litre d’eau à celle du combustible usé d’un réacteur, est étendue. Des unités historiques comme le curie ou le millicurie ont été inclues dans cette gamme.
© IN2P3

L’activité radioactive  est une caractéristique propre à un échantillon de matière contenant des noyaux radioactifs. Elle est définie comme le nombre de désintégrations qui s’y produisent par seconde.  Le nombre de rayons émis est égal à l’activité dans le cas ou la désintégration se réduit à l’émission d’un rayon unique. L’activité d’une source ne prend pas en compte la nature et l’énergie des rayonnements, encore moins leurs effets dans les milieux qu’ils traverseront.

L’activité d’une source a longtemps été exprimée en curies (Ci) pour des raisons historiques. Le nombre de désintégrations était  comparé au radium considéré comme un étalon : le curie étant l’activité d’un gramme de radium soit 37 milliards de désintégrations par seconde. Cette unité étant trop importante dans de nombreux cas, on utilisait le millicurie (millième) et le microcurie (millionième). Ce gramme de radium correspondait dans les années 1920 au « trésor » de Marie Curie.

On a adopté maintenant une unité plus mathématique – le becquerel – qui équivaut à une désintégration par seconde. L’inconvénient est que le becquerel, adaptée à l’échelle de l’atome, s’avère une unité très petite. Les activités exprimées en becquerels qui conduisent à des nombres rapidement importants, inquiètent le non-physicien. Ainsi le corps humain émet naturellement 8000 Bq, une activité à première vue impressionnante mais en réalité très modeste. Elle équivaut à une fraction de millionième de curie.

Des détecteurs à même de mesurer de faibles activités
Les appareils de mesure modernes sont capables de mettre en évidence de très faibles activités. Dans cet exemple, un laboratoire belge a suivi depuis un demi-siècle l’évolution de l’activité du césium-137 dans le corps humain et montré l’impact d’évènements comme les retombées des essais nucléaires des années 60 et l’accident de Tchernobyl. Les activités de quelques centaines de becquerels peuvent sembler élevées. Elles sont en réalité très faibles : une centaine de becquerels correspond à l’activité naturelle d’un kilogramme de notre corps qui n’est pas particulièrement radioactif.
© SCK-GEN (Source Jean Louis Genicot)

La publication d’activités exprimées avec une unité aussi petite que le becquerel donne l’impression que les radioactivités émises, même minimes, sont très importantes et donc dangereuses. Le becquerel est comme le mark dévalué de l’ancienne République de Weimar dont il fallait une brouette pour acheter un croissant dans les années 1920 !

Dans la patrie de Descartes, il semblait logique de prendre comme unité d’activité « une désintégration par seconde ». Mais les hommes de Science sont de médiocres psychologues : unité à l’échelle de l’atome, le becquerel est une unité infime. Les moindres doses d’activité se mesurent en chiffres faramineux, en raison du nombre quasi infini d’atomes présent dans la moindre quantité de matière (nombre d’Avogadro). Quand les médias font état de milliers, de millions de becquerels, l’homme de la rue oublie le côté infinitésimal du becquerel et s’affole. La peur de la radioactivité si répandue tient pour partie au manque de compréhension de ce que représente un becquerel.


Voir aussi :

Activité radioactive